Mon expérience avec la mesure de dedouadement des « effets personnels » à l’aéroport

Revenant ce week-end d’un voyage et après les formalités d’usage à l’aéroport d’Abidjan, je suis interpellé au post de contrôle scanner de la douane à la sortie.

 

- Monsieur, vous avez dans votre valise des objets métalliques ? Me demanda le douanier

- Oui, monsieur. Ce sont des petites pièces pour véhicule (moins de 5 kg de masse le tout). Voici la facture (309 Euros, environ 203.000 F CFA) et c’est à usage personnelle (pas pour commercialiser), lui répondrais-je

- Ok. Monsieur. Peu importe, vous devez payer des taxes. Ce sont les nouvelles règles applicables sur toute marchandise d’une valeur supérieur ou égale à 100.000 F CFA. Et ça fait environ 45% de la valeur du bien que vous allez payer. Répliqua-t-il.

Le service de facturation étant fermé le week-end, on me demanda de passer le lundi suivant avec une "contravention" qu’on me tend après avoir confisquer le matériel.

Le lundi, je me rends aux services des douanes de l’aéroport. L’un des agents part récupérer le colis dans un magasin et l’envoie à son supérieur.

- Monsieur, c’est tout le matériel ça ? S’exclama le Lieutenant chef, surpris de la quantité et du poids des pièces.

- Oui, monsieur ! C’est tout et ce n’est pas à commercialiser. Lui dis-je.

- Bon, ça été déjà saisi et vu que la valeur est supérieur à 100.000 FCFA, tu vas devoir payer une taxe forfaitaire de 50.000 F CFA.

- Monsieur, c’est trop élevé comme taxe pour un si petit matériel, à usage personnel. Je veux payer 30.000 F CFA.

Quelques instants, son téléphone sonna. De l’autre côté de la ligne, son « patron » à qui il explique l’affaire et ce dernier de lui  demander d’application strictement la taxe normale, environ 93.000 F CFA sur la facture de 203.000 F CFA. Donc près de la moitié de la valeur d'achat.

 

Le lieutenant chef plaide mais le patron insiste. Au final et après toute la plaidoirie, le lieutenant chef me tend une facture de 50.000 F CFA et je donnai 5 billets de 10.000 FCFA. 

Chers amis, cette expérience m’a marqué pour plusieurs raisons mais je voudrais partager mon sentiment personnel :

1- Je pense qu’une taxe de près de 45% sur un bien acheté à l’extérieur d’une valeur de 203.000 F CFA est exagéré. Je ne suis pas contre les impôts mais je crois qu’un impôt démesuré tue le pouvoir d’achat des populations et donc réduit la consommation. 

Plus, cela crée une « économie parallèle » avec des pots de vin et des passe-droits. Comme me l’a recommandé l’un des douaniers sur place : « Tu aurais pu négocier avec les « jeunes gens » ce jour-là en leur donnant 5 ou 10.000 F CFA » pour éviter à payer plus cher. 

Je savais que c’est ce qu’ils voulaient mais j’avais refusé cette voie.  Cette « économie au noir » n’améliore pas les finances publiques. Alors qu’une taxe raisonnable de 5 ou 10% sur un bien d’une valeur de 300.000 F CFA serait plus aisé pour le contribuable sans trop user ses comptes.

Vouloir gagner plus d’un coup sur très peu de gens ou gagner peu sur plusieurs est une décision économique. Notre gouvernement devra bien analyser cette décision et sa pertinence. 

J’ai pu voir dans l’entrepôt où était gardé mon colis plusieurs autres qui ont été abandonné par leurs propriétaires. En réalité, l’État ne gagne rien mais ce sont certains « petits douaniers » plus malins qui rusent avec les règles et s’enrichissent personnellement. On gagnerait à réduire les impôts et taxes pour étendre l’assiette des contributeurs.

    2- De cette expérience, je me suis posé aussi la question : « Et si les autres pays notamment européens décidaient d’appliquer la réciprocité en taxant aussi tout produit ou bien personnel provenant de Côte d’Ivoire et entrant sur leur territoire ? Que deviendra notre marché local d’artisanat (objet d’art, et autres) et des biens de consommation alimentaire comme l’attieké et plusieurs autres produits locaux ?»

Dans une économie de marché, en voulait faire du « protectionnisme exagéré », on risque de recevoir la verge en retour des autres. Il faut donc de la mesure en toute décision économique visant à « protéger » son marché.

Pour terminer, je réitère ma position : Je n’ai rien contre les impôts ni les taxes (c'est utile pour le développement), mais je pense que tout impôt exagéré crée une économie parallèle et fini par tué l’impôt.

Que ferais-je la prochaine fois lors d'un voyage à l'extérieur? Ne plus faire d'achat de marchandises de plus de 100.000 F CFA ou donner un "pot de vin" au douanier ou encore payer une taxe de 30 ou 45%?

Magloire