Nous sommes en Novembre
1989, le mur de Berlin vient de tomber. Mais la situation en Allemagne de l’Est
ne s’est point améliorée. Les populations continuent de manifester et de mettre
la pression sur gouvernement communiste de Willi Stoph par des grèves et protestations pour réclamer plus de Liberté.
L’opposition politique réclame à des négociations autour d’une « table ronde » d’avec le pouvoir
mais celui-ci résiste et s’oppose. Un groupe constitué de représentants de
différents partis politiques et mouvements formule « officiellement »
dans une déclaration le 10 novembre 1989 le vœu de la tenue de cette table ronde. Le gouvernement continue de se résigner mais
avec la pression des populations et surtout avec l’élection du 13 novembre 1989 de Hans Modrow (plus modéré au sein du parti au pouvoir)
au poste de ministre-président par le
parlement de la RDA il cède.
Le nouveau gouvernement
Modrow accepte pour la première fois les discussions avec l’opposition
politique, le 7 décembre 1989.
Dénommée la « Table
ronde centrale » et dirigée par les représentants de l’Eglise (protestants),
les discussions se sont tenues à la « Maison Dietrich-Bonhoeffer ».
Cette salle est d’une grande symbolique pour les Allemands de l’Est mais pour
toute l’Allemagne car c’est de là que part l’apaisement et plus tard la
réunification en 1990.
Les discussions vont durer
pendant quatre (04) mois dont les trois premières rencontres à la « Maison
Bonhoeffer » et seize autres au palais de Schönhausen jusqu’en mars
1990.
En marge des négociations « officielles
et nationales » d’autres « tables rondes » se tiennent également
au niveau communal. C’est l’heure du grand dialogue « national ».
La
table ronde porte sur la démocratisation du
régime, la tenue d'élections libres et la dissolution du Ministerium
für Staatssicherheit (Ministère de la Sécurité d’Etat, « stasi »)
et le règlement de divers autres problèmes (l’armée, la place de la femme, la
propriété, etc.).
Les Allemands (de l’Est)
sont motivés à tourner la page sombre. Les négociations aboutissent finalement
à la tenue de nouvelles élections le 18 mars 1990. C’est le premier scrutin
libre depuis la création de la RDA en 1949 qui sera remporté par les partis
d’opposition. Le processus de réunification allemande est enclenché tant à l’Est comme entre les deux
parties du pays (Est et Ouest). Le 3 octobre 1990, la réunification est effective.
L’Allemagne n’est qu’une seule nation désormais.
De cette histoire que je découvre à l’occasion de mon séjour
à Berlin, je retiens plusieurs leçons dont deux principales :
1- Le rôle de l’Eglise
« protestante » dans les négociations a été d’une importance capitale
à la « Maison Dietrich Bonhoeffer ». Certainement par son
« indépendance » et sa crédibilité elle a su mener les discussions.
Aussi, la « Maison Dietrich Bonhoeffer » est devenue un endroit « symbolique ». Ce lieu où l’Allemagne de l’Est a pu se ressembler et su dialoguer et rechercher le consensus malgré les
grandes divergences. Aujourd’hui devenu un hôtel géré par le Club des hôteliers
chrétiens la « Maison Dietrich Bonhoeffer » demeure un lieu commun de
mémoire pour les Allemands.
La salle des négociations qui sert
aujourd’hui de "chapelle" et de salle de réunions/conférence de la « Maison
Dietrich Bonhoeffer » a su redonner de l’espérance à un peuple déchiré par
la guerre et les divisions. Cet endroit reste et restera à jamais dans la
mémoire collective tant des ouvrages, des photos, des bibliothèques racontent
ce passé. Les Allemands sont si fiers de cet endroit qu’ils présentent avec
honneur. C’est l’histoire qui fait les grandes nations car « un peuple
sans histoire est un monde sans âme ». Tout Berlin est rempli de symboles et de lieux d'histoire.
Je découvre aussi avec grande
admiration l’histoire d’un grand homme, Dietrich Bonhoeffer, jeune pasteur tué
par le régime nazi. Quel courage ! Quelle histoire de cet homme dont la
participation dans l’éveil des consciences n’a pas été des moindres dans
l’Allemagne Nazi d’Hitler. J’en ai été flatté et inspiré. J’en parlerai dans un
autre texte.
2- La
deuxième leçon que je tire, c’est qu’aucune nation ne peut connaitre la
« gloire » sans unité de ses fils et filles. Lorsque des hommes et
femmes se lèvent pour espérer le meilleur pour leur avenir, quand des Hommes
savent assumer leur part dans l’histoire de leur peuple et d’autres sont capables
de mettre de coté leur égo, la paix véritable devient possible et la nation en
sort grandie.
L’Allemagne
« dépecée », divisée et détruite par la guerre a su/pu se rassembler
pour être aujourd’hui un modèle pour
l’Europe et le monde. Elle nous parle, nous
enseigne et nous interpelle encore !
Magloire N’Dehi
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire