lundi 15 janvier 2018

La « Maison Dietrich Bonhoeffer »: Un endroit dont les Allemands sont si fiers

Nous sommes en Novembre 1989, le mur de Berlin vient de tomber. Mais la situation en Allemagne de l’Est ne s’est point améliorée. Les populations continuent de manifester et de mettre la pression sur gouvernement communiste de Willi Stoph par des grèves et protestations pour réclamer plus de Liberté.

L’opposition politique réclame à des négociations autour d’une « table ronde » d’avec le pouvoir mais celui-ci résiste et s’oppose. Un groupe constitué de représentants de différents partis politiques et mouvements formule « officiellement » dans une déclaration le 10 novembre 1989 le vœu de la tenue de cette table ronde.  Le gouvernement continue de se résigner mais avec la pression des populations et surtout avec l’élection du 13 novembre 1989 de Hans Modrow (plus modéré au sein du parti au pouvoir) au poste de ministre-président par le parlement de la RDA il cède.

Le nouveau gouvernement Modrow accepte pour la première fois les discussions avec l’opposition politique, le 7 décembre 1989. 

Dénommée la « Table ronde centrale » et dirigée par les représentants de l’Eglise (protestants), les discussions se sont tenues à la « Maison Dietrich-Bonhoeffer ». Cette salle est d’une grande symbolique pour les Allemands de l’Est mais pour toute l’Allemagne car c’est de là que part l’apaisement et plus tard la réunification en 1990.




Les discussions vont durer pendant quatre (04) mois dont les trois premières rencontres à la « Maison Bonhoeffer » et seize autres au palais de Schönhausen jusqu’en mars 1990. 

En marge des négociations « officielles et nationales » d’autres « tables rondes » se tiennent également au niveau communal.  C’est l’heure du grand dialogue « national ».

La table ronde porte sur la démocratisation du régime, la tenue d'élections libres et la dissolution du Ministerium für Staatssicherheit (Ministère de la Sécurité d’Etat, « stasi ») et le règlement de divers autres problèmes (l’armée, la place de la femme, la propriété, etc.).

Les Allemands (de l’Est) sont motivés à tourner la page sombre. Les négociations aboutissent finalement à la tenue de nouvelles élections le 18 mars 1990. C’est le premier scrutin libre depuis la création de la RDA en 1949 qui sera remporté par les partis d’opposition. Le processus de réunification allemande est enclenché tant à l’Est comme entre les deux parties du pays (Est et Ouest). Le 3 octobre 1990, la réunification est effective. L’Allemagne n’est qu’une seule nation désormais.

De cette histoire que je découvre à l’occasion de mon séjour à Berlin, je retiens plusieurs leçons dont deux principales :

1- Le rôle de l’Eglise « protestante » dans les négociations a été d’une importance capitale à la « Maison Dietrich Bonhoeffer ». Certainement par son « indépendance » et sa crédibilité elle a su mener les discussions. 

Aussi, la « Maison Dietrich Bonhoeffer » est devenue un endroit « symbolique ». Ce lieu où l’Allemagne de l’Est a pu se ressembler et su dialoguer et rechercher le consensus malgré les grandes divergences. Aujourd’hui devenu un hôtel géré par le Club des hôteliers chrétiens la « Maison Dietrich Bonhoeffer » demeure un lieu commun de mémoire pour les Allemands.

 La salle des négociations qui sert aujourd’hui de "chapelle" et de salle de réunions/conférence de la « Maison Dietrich Bonhoeffer » a su redonner de l’espérance à un peuple déchiré par la guerre et les divisions. Cet endroit reste et restera à jamais dans la mémoire collective tant des ouvrages, des photos, des bibliothèques racontent ce passé. Les Allemands sont si fiers de cet endroit qu’ils présentent avec honneur. C’est l’histoire qui fait les grandes nations car « un peuple sans histoire est un monde sans âme ». Tout Berlin est rempli de symboles et de lieux d'histoire.


Dans la Salle de la Table Ronde

Je découvre aussi avec grande admiration l’histoire d’un grand homme, Dietrich Bonhoeffer, jeune pasteur tué par le régime nazi. Quel courage ! Quelle histoire de cet homme dont la participation dans l’éveil des consciences n’a pas été des moindres dans l’Allemagne Nazi d’Hitler. J’en ai été flatté et inspiré. J’en parlerai dans un autre texte.

2- La deuxième leçon que je tire, c’est qu’aucune nation ne peut connaitre la « gloire » sans unité de ses fils et filles. Lorsque des hommes et femmes se lèvent pour espérer le meilleur pour leur avenir, quand des Hommes savent assumer leur part dans l’histoire de leur peuple et d’autres sont capables de mettre de coté leur égo, la paix véritable devient possible et la nation en sort grandie. 

L’Allemagne « dépecée », divisée et détruite par la guerre a su/pu se rassembler pour être  aujourd’hui un modèle pour l’Europe et le monde.  Elle nous parle, nous enseigne et nous interpelle encore !


Magloire N’Dehi

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