"Ah, ça fait quoi?", "Ce n'est pas grave,
ça va aller", « Mais ça ne fait rien et ça ne tue pas
Africain ». Combien de ces faux airs d’optimisme ne nous bercent-ils pas
quotidiennement.
Ou encore :
- "Tu veux prouver quoi ?"
- ''Tu ne seras ni le premier ni le dernier''
- "Ce n'est pas ma faute",
- "C'est la faute aux blancs et à la colonisation"
- C'est à cause des sorciers"
- "C'est à cause du patron"
- "C'est la faute aux prédécesseurs, ceux qui étaient avant moi".
- "Ce n'est pas ma faute",
- "C'est la faute aux blancs et à la colonisation"
- C'est à cause des sorciers"
- "C'est à cause du patron"
- "C'est la faute aux prédécesseurs, ceux qui étaient avant moi".
- Pourquoi
nous sommes encore des pays « sous-développés »
- C’est à
cause des « blancs » !
- Pourquoi
nos routes sont dégradées et nos villages encore précaires ?
- C’est à
cause de la colonisation. Les blancs pillent nos ressources !
Combien de
ces ‘’litanies mortuaires’’ n’entendons-nous pas à tout bout de champ.
Rien n’est grave et ce n’est la faute de personne. On se
contente de la médiocrité et de l’à-peu-près mais ce n’est pas grave. On roule
avec des véhicules usagés sans phares ni pneus adaptés, mais quelqu’un
dira : ça fait quoi ? On se débrouille avec ça. On conduit en sens
interdit et même sans permis de conduire, mais ça ne fait rien. On détourne des
fonds publics, ce n’est pas grave. Certains élèves et étudiants indisciplinés
perturbent et empêchent la tenue normale des cours pour réclamer des congés
anticipés. On en rit. Des médecins détournent les médicaments, "ça ne va
pas quelque part". Des enseignants ne sont pas à leurs postes de travail,
ce n’est pas grave.
Dans
certaines administrations (surtout) publiques, la négligence, le retard,
l’irrévérence vis-à-vis des usagers, l’absentéisme non justifié, etc. sont
érigés en règles ! Vouloir aller contre ces tares, c’est risquer d’entendre
dire: « va te faire voir ailleurs ». Les heures de travail sont dévolues aux
jeux de cartes à l’ordinateur ou à des causeries puériles. L’accueil dans les
secrétariats reste à désirer. Les vendredis sont réservés aux préparatifs des
funérailles ou à des sorties détentes. Les lundis quant à eux sont destinés à
la récupération après d’intenses week-ends festifs. La lourdeur dans la gestion
et le traitement des dossiers administratifs. Nos hommes en armes, en qui nous
devrions espérer rassurent peu. Ils font peur. Ils sont craints dans
l’obscurité et redoutés lors des contrôles. Certains parlent avec arrogance et
dureté aux usagers. Les Droits de l’Homme, certains n’en savent pas grand-chose
ou alors s’efforcent de les ignorer. Quel dommage !
Nos hommes
politiques, sensés nous diriger et donner l’exemple ne sont pas en reste dans
cette dégénérescence de notre société. « Si tu es fâché, ne vote plus.
C’est ton problème ».
Eux qui
votent les lois et qui doivent veiller à leur application se posent eux-mêmes
en « violateurs » des règles. Ils conduisent en sens inverse. Ils
sont en retard à tous les évènements.
Le bon
sens ? Cela ne sert à rien. Seul l’intérêt personnel compte !
L’arrogance, la défiance
vis-à-vis de l’autorité, la colère, le sentiment de vengeance, le mépris de
l’autre, la moquerie, le mensonge, la provocation, etc. sont autant d’attitudes
qui plombent notre société.
Si tu t’en
plains, alors c’est bien toi le problème et tu en fais trop comme si tu étais
« un blanc ». Ici, le problème, ce n’est pas ceux qui acceptent un
poste de responsabilité mais attendent qu’on leur dicte tout le travail à
faire, ce n’est pas celui qui ne vient pas à l’heure au travail ou à un
rendez-vous et qui ne s’excuse pas, ce n’est pas celui qui ne répond pas aux
mails, ni celui qui ne respect rien, encore
moins celui qui sélectionne les appels auxquels, il doit répondre et ceux qu’il
doit ignorer. Non, le problème, c’est celui qui demande qu’on soit courtois et
qu’on fasse preuve de civilité les uns envers les autres. La faute, c’est le
patron ou encore les parents qui sont « pauvres ».
Dans les
banques, l’administration, dans les parkings, les supermarchés, le sourire
sordide est une « taxe de la générosité ». Le pourboire est
obligatoire au risque de mériter un mauvais service lors de la prochaine
visite. On appelle « vieux père » des gens moins âgés que soi pourvu
d’avoir la « taxe de la générosité ».
Personne ne «craint» le « chef ». Le
« bonpetisme » est la règle. Tout le monde est le «bon petit» d’un
« grand », et cela rassure les uns et les autres dans la mauvaise voie.
Les « grands » cherchent aussi de « bons
petits » qui gèrent les « wés » et les affaires du « vieux
père ». Un continent où ce qui nous arrive n'est jamais notre faute mais
toujours la faute des autres.
Nous sommes tombés dans une irresponsabilité insoupçonnée
qui devient une fatalité. Nous sommes devenus des « zombies »
hypocrites avec des sourires hypocrites pour soutirer quelques billets de
banque alors qu’on nous demande simplement de faire le travail pour
lequel nous sommes payés.
Nous sommes devenus un continent où on pense que nos
droits ou ce que les autres nous doivent est plus important que nos devoirs ou
ce qu'on doit aux autres. Un continent où personne ne veut endurer plus
longtemps l’épreuve du temps. On veut tout ici et maintenant. Personne ne veut
patienter. Personne ne veut « mouiller le maillot » pour bâtir un
projet collectif durable. Alors les plaintes : « C’est trop
lent », « Je gagne quoi ? », « J’ai combien
dedans ? ». Les autres doivent se « saigner » pour lever
l’étendard mais pas nous. On court voir chez « le voisin » en
espérant trouver mieux. On perd le temps. On s’essouffle et finalement, on
tombe dans les récriminations, on se plaint des autres de nos turpitudes. On accuse
le « sorcier ».
La discipline ? On n’a que faire ! Tout le
monde est pressé. Personne ne veut se soumettre pour un temps d’apprentissage.
On bouscule les normes pourvu qu’on gagne la pitance du jour. Et demain ?
– Dieu fera le reste! Quelle fausse espérance !
Le travail bien fait n’a plus de place et on fait
dans le superficiel et dans l’à-peu-près.
Il faut que ça change… !
Magloire N'Dehi
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