vendredi 20 octobre 2017

Afrique, une Société À Irresponsabilité Illimitée (SA2I)?



"Ah, ça fait quoi?", "Ce n'est pas grave, ça va aller", « Mais ça ne fait rien et ça ne tue pas Africain ». Combien de ces faux airs d’optimisme ne nous bercent-ils pas quotidiennement. 
 

Ou encore : 
- "Tu veux prouver quoi ?"
- ''Tu ne seras ni le premier ni le dernier''
- "Ce n'est pas ma faute",
- "C'est la faute aux blancs et à la colonisation"
- C'est à cause des sorciers"
- "C'est à cause du patron"
- "C'est la faute aux prédécesseurs, ceux qui étaient avant moi".
- Pourquoi nous sommes encore des pays « sous-développés »
- C’est à cause des « blancs » !
- Pourquoi nos routes sont dégradées et nos villages encore précaires ?
- C’est à cause de la colonisation. Les blancs pillent nos ressources !

Combien de ces ‘’litanies mortuaires’’ n’entendons-nous pas à tout bout de champ.

Rien n’est grave et ce n’est la faute de personne. On se contente de la médiocrité et de l’à-peu-près mais ce n’est pas grave. On roule avec des véhicules usagés sans phares ni pneus adaptés, mais quelqu’un dira : ça fait quoi ? On se débrouille avec ça. On conduit en sens interdit et même sans permis de conduire, mais ça ne fait rien. On détourne des fonds publics, ce n’est pas grave. Certains élèves et étudiants indisciplinés perturbent et empêchent la tenue normale des cours pour réclamer des congés anticipés. On en rit. Des médecins détournent les médicaments, "ça ne va pas quelque part". Des enseignants ne sont pas à leurs postes de travail, ce n’est pas grave. 

Dans certaines administrations (surtout) publiques, la négligence, le retard, l’irrévérence vis-à-vis des usagers, l’absentéisme non justifié, etc. sont érigés en règles ! Vouloir aller contre ces tares, c’est risquer d’entendre dire: « va te faire voir ailleurs ». Les heures de travail sont dévolues aux jeux de cartes à l’ordinateur ou à des causeries puériles. L’accueil dans les secrétariats reste à désirer. Les vendredis sont réservés aux préparatifs des funérailles ou à des sorties détentes. Les lundis quant à eux sont destinés à la récupération après d’intenses week-ends festifs. La lourdeur dans la gestion et le traitement des dossiers administratifs. Nos hommes en armes, en qui nous devrions espérer rassurent peu. Ils font peur. Ils sont craints dans l’obscurité et redoutés lors des contrôles. Certains parlent avec arrogance et dureté aux usagers. Les Droits de l’Homme, certains n’en savent pas grand-chose ou alors s’efforcent de les ignorer. Quel dommage ! 

Nos hommes politiques, sensés nous diriger et donner l’exemple ne sont pas en reste dans cette dégénérescence de notre société. « Si tu es fâché, ne vote plus. C’est ton problème ».

Eux qui votent les lois et qui doivent veiller à leur application se posent eux-mêmes en « violateurs » des règles. Ils conduisent en sens inverse. Ils sont en retard à tous les évènements.
Le bon sens ? Cela ne sert à rien. Seul l’intérêt personnel compte ! 

L’arrogance, la défiance vis-à-vis de l’autorité, la colère, le sentiment de vengeance, le mépris de l’autre, la moquerie, le mensonge, la provocation, etc. sont autant d’attitudes qui plombent notre société.

Si tu t’en plains, alors c’est bien toi le problème et tu en fais trop comme si tu étais « un blanc ». Ici, le problème, ce n’est pas ceux qui acceptent un poste de responsabilité mais attendent qu’on leur dicte tout le travail à faire, ce n’est pas celui qui ne vient pas à l’heure au travail ou à un rendez-vous et qui ne s’excuse pas, ce n’est pas celui qui ne répond pas aux mails, ni celui qui ne respect rien,  encore moins celui qui sélectionne les appels auxquels, il doit répondre et ceux qu’il doit ignorer. Non, le problème, c’est celui qui demande qu’on soit courtois et qu’on fasse preuve de civilité les uns envers les autres. La faute, c’est le patron ou encore les parents qui sont « pauvres ». 

Dans les banques, l’administration, dans les parkings, les supermarchés, le sourire sordide est une « taxe de la générosité ». Le pourboire est obligatoire au risque de mériter un mauvais service lors de la prochaine visite. On appelle « vieux père » des gens moins âgés que soi pourvu d’avoir la « taxe de la générosité ».  Personne ne «craint» le « chef ». Le « bonpetisme » est la règle. Tout le monde est le «bon petit» d’un « grand », et cela rassure les uns et les autres dans la mauvaise voie. 


Les « grands » cherchent aussi de « bons petits » qui gèrent les « wés » et les affaires du « vieux père ». Un continent où ce qui nous arrive n'est jamais notre faute mais toujours la faute des autres. 

Nous sommes tombés dans une irresponsabilité insoupçonnée qui devient une fatalité. Nous sommes devenus des « zombies » hypocrites avec des sourires hypocrites pour soutirer quelques billets de banque alors qu’on nous demande simplement de faire le travail pour lequel nous sommes payés.

Nous sommes devenus un continent où on pense que nos droits ou ce que les autres nous doivent est plus important que nos devoirs ou ce qu'on doit aux autres. Un continent où personne ne veut endurer plus longtemps l’épreuve du temps. On veut tout ici et maintenant. Personne ne veut patienter. Personne ne veut « mouiller le maillot » pour bâtir un projet collectif durable. Alors les plaintes : « C’est trop lent », « Je gagne quoi ? », « J’ai combien dedans ? ». Les autres doivent se « saigner » pour lever l’étendard mais pas nous. On court voir chez « le voisin » en espérant trouver mieux. On perd le temps. On s’essouffle et finalement, on tombe dans les récriminations, on se plaint des autres de nos turpitudes. On accuse le « sorcier ».

La discipline ? On n’a que faire ! Tout le monde est pressé. Personne ne veut se soumettre pour un temps d’apprentissage. On bouscule les normes pourvu qu’on gagne la pitance du jour. Et demain ? – Dieu fera le reste! Quelle fausse espérance !

Le travail bien fait n’a plus de place et on fait dans le superficiel et dans l’à-peu-près. 

Il faut que ça change… ! 

Magloire N'Dehi

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