« On avait dit qu’on allait bouger
les lignes et en finir avec le clivage gauche-droite. Nous sommes
peut-être entrain de gagner notre pari. » S’était
réjoui Benjamin Griveaux, Porte-parole d’Emmanuel Macron sur le plateau de
France 3 en Mars 2017.
Griveaux portait à voix haute l’idéal d’un
homme, celui qui voulait en finir avec la vieille tradition politique de la
France, le clivage gauche-droite.
Et pour casser ce clivage, Emmanuel Macron
lance son mouvement « En Marche » portant les initiales de son nom
« EM » et met en avant la nécessité de récréer de la dynamique pour
« débloquer » la France.
Son discours séduit une partie de la
France avec la « crème » de la classe politique et des intellectuels
qui trouvent là l’occasion de mettre la France en mouvement.
"En Marche" s’efforce de briser
toutes les « cases » et les « castes » où se réfugient les
oppositions et les contradictions,…
Le Parti Socialiste est décapité, Les
Républicains sont dispersés, des intellectuels de tous bords justifient une
« avancée » pour la France. Toute la France quasiment est en marche
dans un nouvel élan ni gauche, ni droite, ni centre. Ce qui compte, c’est la
France disent-ils.
Finalement, ce qui reste de la gauche
fondamentalement, c’est un Mélenchon « insoumis » qui malgré la
« grande gueule » n’est entendu de personnes. La droite se
« droitise » davantage à l’extrême avec une voix aussi aiguë de
Marine Lepen ostracisée.
Les médias s’emballent, les intellectuels
s'alignent et les finances se coalisent. L’euphorie est à son comble !
La France a retrouvée, enfin, le
« Zoro » tant attendu pour révolutionner le système de
représentativité et l’espace politique à travers "l’illusion de la
réconciliation nationale".
Les Français et Emmanuel Macron avaient
oublié que la France était toujours une République qui exige la prise en compte
de toutes les voix et sensibilités à contrario d’une monarchie dont la seule
voix d’un monarque suffisait.
Ils oubliaient que la République de France
était surtout une démocratie dont l’essence fondamentale est la conflictualité
politique.
On avait oublié dans la foulée de l'euphorie
que la "Démocratie" se nourrit essentiellement de conflictualités
politiques, que "l'autocratie" vit de la pensée unique et "la
dictature" de la coercition.
Chaque système politique est un choix qui porte en lui ses propres conséquences.
Et comme le disait Paul Ricœur, « est démocratique une société qui se reconnait divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêts, et qui se fixe comme modalité d’associer à parts égales chaque citoyen dans l’expression, l’analyse, la délibération et l’arbitrage de ces contradictions. »
Chaque système politique est un choix qui porte en lui ses propres conséquences.
Et comme le disait Paul Ricœur, « est démocratique une société qui se reconnait divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêts, et qui se fixe comme modalité d’associer à parts égales chaque citoyen dans l’expression, l’analyse, la délibération et l’arbitrage de ces contradictions. »
L’erreur de l’offre politique du mouvement
« En Marche » procède de sa volonté d'institutionnaliser « la
dénégation de la conflictualité politique » en refusant de
d'admettre de "vraies" contradictions et les divergences d’opinions
dans la société Française.
"En marche", c’était juste le
report de l’expression des contradictions politiques, la marginalisation d’une
opposition parlementaire, l’éclatement des partis politiques et
l’embastillement des médias et d’une société civile et savante désillusionnée
qui espérait une légitimité politique pour transformer la société (l’exemple
parfait de Nicolas Hulot qui a fini par démissionner).
Les « gilets jaunes », c’est
finalement l’extériorisation d’une contradiction politique refoulée d’une
société "désabusée" qui n’ayant plus « d’avocats » préfère
régler elle-même ses problèmes dans les rues.
Désormais, la France à trois (3)
options :
1. Soit, elle opte "définitivement"
pour une monarchie absolue où la volonté d’un seul vaut un commandement divin
et exige soumission du peuple
2. Soit, la France choisit un système
autocratique qui continue de mettre en morceaux les mouvements politiques et
soumettre les idées à la pensée unique
3. Soit, les français assument s’être trompé
comme Michel Coste, référent départemental de la LREM en Ardèche qui avouait
avoir été « complice d’une escroquerie intellectuelle » avant
de quitter ce mouvement. Alors, il faudra restaurer la démocratie en
libérant les énergies et les espaces politiques.
Montesquieu l'avait dit: "C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du
pouvoir est porté à en abuser; il va jusqu’à ce qu’il trouve des
limites."
Ce qu'il faut aujourd'hui
à la France, c'est de retrouver des "espaces de consensus et
d'arbitrage" avec une opposition notamment parlementaire légitime,
des intellectuels et une société civile audibles capables de porter la contradiction
et des partis politiques forts capables eux aussi de peser sur le
débat public et d'influencer l'opinion.
Enfin, et si le tout "marketing
politique" était un piège pour la démocratie et biaisait la volonté du
peuple?
Et si en fin de compte, la crise des « gilets jaunes », était un message à tous ceux qui croient encore que l’unité d’une nation se résumerait à un vaste mouvement politique de large rassemblement et imagineraient en l'état actuel du monde une société démocratique sans « conflictualité politique »?
Et si en fin de compte, la crise des « gilets jaunes », était un message à tous ceux qui croient encore que l’unité d’une nation se résumerait à un vaste mouvement politique de large rassemblement et imagineraient en l'état actuel du monde une société démocratique sans « conflictualité politique »?
Magloire N'Dehi
Merci pour ce texte si enrichissant Mentor !
RépondreSupprimerLa démocratie est par essence conflictuelle.
Merci infiniment pour ce texte qui nous rappelle l'essence de la démocratie.
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