Pour bien situer le sujet, il importe de circonscrire
les termes « Enjeu », « Constitution » et
« Reforme ». Selon le dictionnaire Larousse, un « enjeu »,
c’est ce qu’on risque dans une compétition. Ce qu’on peut gagner ou perdre en
faisant quelque chose. Quant à la « Constitution », c’est la loi
fondamentale d’un Etat qui définit les droits et les libertés des citoyens
ainsi que l’organisation des institutions et les séparations des pouvoirs
(exécutif, législatif et judiciaire). Enfin, une « Reforme »,
c’est un changement de caractère profond, radical ou important
réalisé en vue d’une amélioration. En d’autres termes, on pourrait comprendre
par « Enjeux de la réforme constitutionnelle »,
« Qu’est-ce que la Côte d’Ivoire pourrait
gagner ou perdre en changeant de manière radicale (en profondeur) sa Loi
fondamentale de manière à l’améliorer (la rendre meilleure) ? ».
S’imaginer les enjeux de la reforme
constitutionnelle, c'est-à-dire, ce qu’on la Côte d’Ivoire pourrait gagner ou
perdre revient à dire d’abord et avant tout ce que les ivoiriens veulent pour
la nouvelle constitution, ce qu’ils veulent apporter de nouveau ou d’innovant à la République.
A cette étape, on comprend aisément que trouver des
enjeux (ce qu’on la Côte d’Ivoire pourrait gagner ou perdre) de la reforme
constitutionnelle ne pourrait s’inventer à moins d’avoir interrogé au préalable
le souverain (peuple) pour savoir ce qu’il veut apporter de nouveau à la
Constitution d’Août 2000. Une fois que le souverain aurait indiqué clairement
ses innovations, alors on pourrait spéculer sur ce que la Côte d’Ivoire pourrait
gagner ou perdre avec telle changement ou telle innovation.
Qu’à cela ne tienne, imaginons, posons quelques hypothèses
positives :
Hypothèse
1 : L’adoption d’une
nouvelle constitution apporterait un rajeunissement de notre Loi
fondamentale pour l’adapter aux nouvelles réalités contemporaines sociales,
politiques, sécuritaires, économiques, etc.
En adoptant une
nouvelle constitution peut être que cela permettra de définir de nouvelles
conditions d’éligibilité, de régler la question de la séparation des pouvoirs.
Aussi, peut être que cela permettra la prise en compte des aspirations des
femmes et des jeunes en garantissant leur autonomisation ou de mettre fin au cumul des mandats politiques électifs, etc.
Hypothèse 2 : Le changement de
la constitution de la première République engagerait définitivement la rupture
d’avec l’environnement de contestation permanent et de violence politique.
En nous donnant une nouvelle constitution,
ne serait-ce pas l’occasion de mettre fin à deux décennies d’incompréhension et
de conflits politiques issus de la contestation d’avec les Constitutions du
passé.
A l’évidence, la
légitimité des contestations politiques des années 90 tirerait son essence de
la non application de la Constitution de 1960 notamment en son article 7 qui
consacrait le multipartisme mais pas reconnu (effectivement) par le pouvoir
après les indépendances.
Aussi, le coup
d’état manqué de 2002 avec son prolongement de guerre jusqu’en 2011 tirerait
aussi sa source de la Constitution de 2000 qui aurait un caractère
exclusionniste et confligène.
Est-ce que
l’adoption d’une nouvelle Constitution ne viendrait pas corriger ces situations
d’antan ?
Hypothèse 3 : Une nouvelle
constitution mettrait fin pour de bon à l’impunité consacré par notre
constitution et symbolisée dans l’article 132 de la Constitution de 2000.
Peut être que la
nouvelle constitution supprimera une telle disposition et surtout protégera les
libertés fondamentales et les droits de l’homme.
Hypothèse 4 : L’adoption d’une
nouvelle Loi fondamentale favoriserait la modernisation des institutions et du
fonctionnement de l’Etat.
Est-ce que la
nouvelle constitution ne va pas adopter le parlementarisme comme nouveau régime
politique au détriment du présidentialisme actuel ?
La Côte d’Ivoire
ne passerait-elle pas d’un Etat unitaire à un Etat composé (fédérale ou régionalisme
d’Etat) ?
Notre pays ne
va-t-il passer de la République à la Monarchie avec un Roi sous l’autorité
duquel gouverne un premier ministre élu par les députés?
Hypothèse 5 : La futur
(nouvelle) constitution serait un terreau institutionnel et juridique favorable
au progrès social et au développement
Peut-être que la nouvelle
Constitution renforcerait l’indépendance et l’autorité du Conseil Supérieur de
la Magistrature par le retrait du
Président de la République sur la liste des membres.
Peut-être qu’elle
renforcerait l’efficience des collectivités décentralisées par l’instauration de la résidence obligatoire
dans la collectivité des candidats aux élections régionales et municipales.
Peut-être qu’elle donnera
plus de droits aux citoyens par l’instauration de l’initiative populaire avec droit de présenter des motions en matière
législative (élaboration de loi ou de modification de loi) et de présenter
des pétitions aux pouvoirs publics.
A l’observation, tout ce qui précède ne reste que
spéculation encore plus que ces idées ou hypothèses n’émanent pas du souverain
(le peuple).
Pour connaitre effectivement ce que la Côte d’Ivoire
pourrait gagner ou perdre ou du moins pour être plus proche de la réalité dans
l’analyse des enjeux, il importe absolument de donner la parole aux populations
afin qu’elles disent ce qu’elles veulent effectivement en matière de régime
politique, de forme de l’Etat, de forme de gouvernement, de modèle de
gouvernance nationale et locale, etc.
Une fois que cela sera fait, alors, on peut aisément
analyser les enjeux (ce que la Côte d’Ivoire pourrait gagner ou perdre), et
ainsi faire des contre-propositions ou des corrections ou ajustements en
fonction de nos réalités, notre histoire ou suivant l’expérience d’autres pays.
Et là, après tous les échanges et consensus, les experts du droit pourront
passer à la rédaction et la traduction en des termes techniques et juridiques
les propos du souverain.
Que veut le souverain pour la nouvelle
constitution ?
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