lundi 27 juin 2016

Brexit ou quand les jeunes Britanniques décident de se faire déposséder de leur futur


Une Union – Deux Poids – Deux Mesures
Le contraste est énorme. Alors que la Grèce est régulièrement menacée de sanctions de toutes sortes par ses partenaires de l’Europe (exclusion de la zone euro, de l’espace Schengen, de l’union européenne), la décision de sortie récente de la Grande Bretagne fait grincer des dents et trembler les leaders européens. 
 

Promis en 2007 s’il gagnait les législatives de 2010 puis celles de 2015, David Cameron a organisé le jeudi dernier un referendum portant sortie de la Grand Bretagne de l’Union Européenne, accusée à tort ou à raison par les britanniques d’être la base de leurs maux. 51,9% de britanniques ont décidé d’en finir avec la libre circulation et les contraintes de l’Union Européenne. Ils accusent Bruxelles d’ingérence dans la gestion de leur pays et les immigrées notamment ceux de l’Europe de l’Est (Pologne, etc.) de tirer les salaires à la baisse, le coût des logements à la hausse, de rallonger les files d’attente dans les hôpitaux et de "trop profiter" des avantages sociaux qu'offrent la Grande Bretagne.  
Cette décision selon des experts aura d’énormes impacts sur l’économie Britannique aussi bien que sur celle de l’espace européen surtout que la population de la Grande Bretagne représente 13% soit 1 sur 8 habitant de l’espace. L’économie britannique est l’une des trois meilleures de l’Union soit 15% de la richesse des 28 Etats membres. Plus, le départ des Britanniques aura de lourdes conséquences sur le budget européen car Londres participe à hauteur de 12% du budget des institutions européennes. La commission européenne ou le parlement pourraient perdre ainsi 14 milliards d’euros chaque année, selon François Beaudonnet, correspondant de France 2 à Bruxelles.

Une jeunesse indécise : Je veux l’Union mais je décide de ne pas voter

Au-delà des analyses politiques et économiques qui sont faites sur cette sortie de la Grande Bretagne, notre chronique entend ouvrir d’autres pistes de réflexion notamment celle sur la participation des jeunes dans ce processus ou de ce qui pourrait être appelé « l’écart de génération inquiétant sur la vie des nations ».

Avant le referendum, plusieurs sondages avaient montré une société anglaise divisée en deux avec une « vieille Angleterre » opposée au « Royaume Uni nouveau des jeunes générations ».
Déjà en Mai 2016, les sondages d’Opinium Research illustraient parfaitement cette opposition générationnelle : 53% des 18-34 ans souhaitait voir le pays rester membre de l’UE, contre seulement 29% qui se positionne en faveur du Brexit et 18% sans opinion. 
 
Toujours selon ce sondage, 38% des 35-54 ans sont pour le « In », 42% pour le « Out » et 20% sans opinion. 

Les plus de 55 ans sont majoritairement favorables à la sortie de la Grande Bretagne de l’UE (54%), 30% sont pour que la Grande Bretagne y reste et 15% n’ont pas d’opinion.

Autre analyse de ce sondage, les jeunes sont très peu enthousiastes au sujet du référendum. Seulement 52%  des 18-34 ans avaient exprimé le désir de se rendre aux urnes, contre 66% pour les 35-54 ans et 81% pour les plus de 55 ans. 

Pour que la Grande Bretagne et David Cameron, le défi avant le vote du Jeudi était donc la mobilisation des jeunes qui  sont majoritairement pro-UE parce que plus enclin à l’ouverture, aux échanges et à la libre circulation mais malheureusement, plusieurs d'entre eux ont décidé de s’abstenir et de remettre leur destin en mains des « vieux » qui eux sont pour la sortie. La déception des jeunes est grande comme a tweeté un jeune « Une génération qui a tout reçu : une éducation gratuite, des pensions dorées, de la mobilité sociale. Cette génération a décidé de nous dépouiller de notre futur ». Les jeunes sont bien ceux qui devront vivre le plus longtemps avec le Brexit. Ils perdront surement le droit de circuler librement, d’étudier, de travailler, de vivre et d’être traités en égaux dans n’importe quel pays européen.
Exit le rêve, exit la mobilité insouciante, exit l’accès sans difficulté ni pénalité aux programmes de formations européens. Les « vieux » qui ont voté en ont décidé ainsi.

Faible participation des jeunes : A qui la faute ?

« Le sort de notre pays a été décidé par des nostalgiques d’un passé qui n’a jamais existé  et ils ont crée un avenir déprimant », Rebecca W

« C’est pas juste que les vieux parlent pour nous. Sans vouloir froisser personne, nous allons vivre plus longtemps qu’eux. Je me sens dépossédé de mon avenir », Richie Xaxier

« Je refuse de ravaler la colère, la peur et la tristesse que provoque cette décision qui changera mon futur pour un autre que je n’ai jamais voulu » Eleanor

Les enjeux étaient très clairs dès le départ et plusieurs des jeunes qui se lamentent aujourd’hui et qui réclament un autre référendum savaient bien les conséquences de leur abstention et d’un Brexit pour leur avenir. 

Selon les medias Européens, alors que le taux de participation atteignait plus de 72%, les jeunes semblaient les moins mobilisé. Les forts taux de participation ont été enregistrés dans les zones comprenant plus d’un quart de retraités. 

En plus de ne s’être pas enregistrés sur la liste électorale, plusieurs jeunes ont décidé de ne pas voter. Ils devront s’en prendre à eux-mêmes et accepter de subir le « diktat des vieux » pour plusieurs décennies encore. 
Les jeunes qui étaient majoritairement favorables à la décision de rester dans l’UE, devront vivre près de 70 ans avec cette décision du Brexit, si on considère leur durée de vie moyenne, estimée entre 88 et 92 ans selon l’Office National des statistiques Britannique. Les plus de 65 ans, qui ont très largement voté en faveur de la sortie de l’UE, devront vivre que 16 ans en moyenne avec cette décision.  Quelle tragédie !

Laisser le passé voter contre le futur ? 

Dans quelques mois, la Côte d’ivoire va vivre deux expériences démocratiques : le référendum portant nouvelle constitution et les législatives. Avant ces échéances électorales qui font marqué la vie de la nation pour au moins 5 années encore pour les législatives et pour plusieurs decennies pour ce qui concerne la constitution, les jeunes ivoiriens semblent aussi très peu intéressé par ces échéances. Ils oublient qu’une constitution exclusionniste ou taillée sur mesure pour un camp pourrait occasionner des conflits comme celle de 2002 ou une législature aux ordres de l’exécutif pourra annihiler tout débat democratique à l’hémicycle et impacter le vote des lois. 

Que veulent les jeunes ivoiriens ? Une assemblée nationale qui n’est pas la caisse de résonnance d’un parti au pouvoir et une constitution non confligène et non personnalisée ? 
Certainement oui ! 

Alors, ils doivent refuser de faire comme les jeunes britanniques et accepter de s’intéresser à la gestion de la chose publique non pas forcement en adhérant à un parti politique mais en prenant leur place dans le débat sur les questions de société et de gouvernance. Pour les échéances à venir, ils doivent se mobiliser pour s’inscrire sur les listes électorales et d’autres doivent aider les populations surtout rurales et analphabètes à comprendre les enjeux de la future constitution et son impact sur la cohésion sociale et l’environnement politique.

L’histoire est entrain de s’écrire. Que chaque citoyen fasse sa part !


1 commentaire:

  1. C'est bien dommage. Ce retrait que je qualifierai ''d'isolement'' est-il vraiment nécessaire dans un monde dans lequel il est de plus en plus question d’intégration, notamment de modalisation et de globalisation?

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